Publié le 13 Mai 2019

Le camérisier, un petit fruitier

Le mot camérisier résulte de la contraction des mots chamae (au ras du sol) et merisier (rappelant que ses fruits sont portés près du sol comparativement à ceux du merisier (Prunus avium, un grand arbre). En anglais, on l'appelle souvent par son nom japonais, haskap, ou par le nom honeyberry.

C'est un petit arbre fruitier rustique qui peut se cultiver dans tous les jardins, dans les zones où les hivers sont marqués (de 1 à 7/8).

Il s'agit d'un chèvrefeuille arbustif originaire de la partie orientale de la Russie (Il appartient à l'espèce Lonicera caerulea variété kamtchatica. variété ou sous-espèce, ça dépend des sources, mais on ne va pas chipoter. On trouve aussi parfois l'appellation Lonicera kamtchatica.) aussi appelé chèvrefeuille bleu à cause de la couleur de ses fruits. Le chèvrefeuille comestible est connu de longue date par les autochtones des régions où il pousse à l'état spontané. Il a été mentionné pour la première fois dans la littérature à la fin du 17e siècle par l'explorateur russe Vladimir Atlasov.

L'arbuste de 1,5 à 2 m de hauteur et de 1 m de diamètre fleurit tôt au printemps, produisant des paires de fleurs ivoire suivies de fruits curieusement allongés. Comme les bleuets, ils sont en fait de couleur pourpre foncé, mais la pruine blanche qui les recouvre leur donne un effet bleuté. Les fruits au goût à la fois sucré et suret rappellent un mélange de bleuets et de framboises et sont riches en vitamine C et en antioxydants. Ces fruits allongés bleus ne ressemblent nullement aux fruits des chèvrefeuilles plus connus, comme le chèvrefeuille de Tatarie (L. tatarica), dont les fruits ronds sont rouges ou orange. Curieusement, alors que les fruits de la plupart des chèvrefeuilles sont légèrement toxiques pour les humains, il n'y a aucun risque à manger ceux du camérisier.

 

 

Le camérisier du Kamtchatka a besoin de froid en hiver. Autre qualité : en cas de période de redoux pendant l'hiver, le buisson reste en dormance et attend patiemment le printemps. Depuis les années cinquante, les Russes se sont appliqués à sélectionner et améliorer les variétés les plus intéressantes. Ces petits fruits commencent même à être produits en grande quantité et commercialisés. C’est ce que nous avons démarrés à Palsi Ökotalu depuis déjà quelques années. Pour commander en Europe, c’est encore assez compliqué pour un particulier sur les sites de vente par correspondance, on trouve comme seule indication camérisier ou haskap. Ou même parfois chèvrefeuille comestible. Sans indication du nom de la variété ou de l'origine. Pourtant, d'une variété à l'autre, les qualités gustatives et la taille de l'arbuste varient considérablement. Dans tous les cas, il est prudent de se méfier des plants vendus sous le nom botanique, ou sous un nom commun générique sans mention du cultivar. On risque fort de se retrouver avec des plantes issues de semis, aux qualités fruitières bien inférieures à n'importe quel cultivar moderne !

En avoir plusieurs, c'est mieux... et même indispensable : d'une part parce qu'on en a plus à manger, mais aussi et surtout, parce que la production est bien meilleure lorsque la fécondation s'effectue entre variétés différentes. Certains cultivars sont même réputés pour leurs capacités pollinisatrices. Souvent, dans les catalogues, c'est la variété russe berry blue qui est proposée pour jouer ce rôle.

A partir des années 90, Le service du Dr Bob Bors à l'Université de la Saskatchewan (Canada) va commencer un travail de sélection basé sur des ressources génétiques collectées en Russie, Europe de l'Est, Japon... Ce travail va aboutir à la mise sur le marché, dès 2007, de sélections bien adaptées à la culture dans le nord de l'Amérique du Nord, et presque parfaites du point de vue organoleptique (haute teneur en sucre, peu ou pas d'astringence). Au fil du temps, de nouvelles sélections vont être diffusées, dont les améliorations vont porter sur la taille des fruits, l'adaptation à la récolte mécanique, le rendement global, la résistance à l'Oïdium. Les dernières obtentions, disponibles en Europe depuis fin 2017, semblent réellement prometteuses puisqu'elles fleurissent nettement plus tard et ont une taille de fruit plus que doublée par rapport aux premiers cultivars de 2007. Ces « Boreal Blizzard », « Boreal Beas »', « Boreal Beauty » fleurissent en effet vers la fin avril - mi- mai, soit plus d'un mois plus tard que les sélections russes. Cette caractéristique intéressante, issue de ressources génétiques originaires de contrées moins nordiques - île d'Hokkaido au Japon - permet généralement une meilleure pollinisation par les insectes butineurs, qui sont rarement très actifs à la mi-mars lorsque les cultivars précoces épanouissent leurs fleurs.

Dans la même optique de produire des cultivars plus adaptés aux zones moins froides, le Dr Maxine Thompson (Oregon, USA) vient récemment de diffuser quelques obtentions appartenant à la série des « Yezberry », basées uniquement sur la génétique à floraison tardive collectée au Japon. Deux de ces cultivars, probablement parmi les plus adaptés au climat ouest-européen, sont en cours d'enregistrement afin de pouvoir être légalement diffusés en Europe, et pourraient être disponibles courant 2018.

Fleurs de camérisier du Kamtchatka
Fleurs de camérisier du KamtchatkaFleurs de camérisier du Kamtchatka

Fleurs de camérisier du Kamtchatka

Les camérises (appelées aussi baies de mai) mûrissent très tôt, dès la mi-juin, bien avant tout autre fruit local, et le plant fleurit très tôt aussi, en mai, assez précocement pour faire craindre des dommages causés par le gel, mais comme il provient d'un climat boréal, il sait composer avec le froid. Ainsi, les fleurs résistent bien aux gels jusqu'à - 7 °C, alors que la plante elle-même peut survivre à environ - 47 °C pendant l'hiver; ainsi elle est considérée de la zone 2, voire de la zone 1, soit la zone la plus froide.

Il faut récolter les fruits quand leur extérieur est bien bleu et que leur intérieur est entièrement rouge-pourpre, sans trace de vert. On peut les congeler ou en faire des tartes, des gelées, des vins, etc. La plante commence à produire dès la deuxième année et peut continuer à produire pendant 30 ans et plus.

 

Haskaps (camérises, baies de mai) récoltées à Palsi talu en 2018

Haskaps (camérises, baies de mai) récoltées à Palsi talu en 2018

Une culture facile

Il n'y a rien de très compliqué dans la culture des camérisiers: il faut un emplacement au soleil (ou, à la rigueur, à la mi-ombre) dans un sol bien drainé et relativement riche. Ils tolèrent bien les sols au pH très variable, de moyennement acide à moyennement alcalin (pH de 5 à 7). Ils poussent bien dans les sols riches en humus et les sols glaiseux (tant qu'il y a un certain drainage), mais sont moins adaptés aux sols sablonneux. Une application annuelle de compost suffit comme fertilisation. Espacez les plants de 1 m pour utilisation en haie, mais de 1,3 m pour pouvoir distinguer entre les arbustes individuels.

Il faut bien arroser les trois premières années, le temps que le système racinaire s'installe correctement. Après, les camérisiers se montrent relativement résistants à la sécheresse, malgré que la production de fruits sera plus abondante dans un site où les plants sont arrosés en période de sécheresse. Une taille aux 3 ou 4 ans pour éliminer les vieilles branches moins productrices peut être utile.

Les camérisiers sont autostériles : il faut le pollen d'un autre cultivar pour assurer leur fécondation, sinon il n'y aura pas de fruits. Il est recommandé de planter au moins deux variétés à proximité - et de préférence trois - pour assurer une pollinisation adéquate. Différentes espèces d'abeilles assurent la pollinisation.

Les camérisiers sont résistants aux insectes nuisibles, mais peuvent occasionnellement être affectés par le blanc à la fin de la saison. Cette maladie est tout au plus un problème esthétique et ne nuit pas à la santé du plant ou à sa production. Les cultivars modernes sont plus résistants au blanc que les variétés sauvages.

Les oiseaux frugivores sont le problème principal pour le jardinier: et aussi vos chiens ! qui adorent ces fruits. Ils peuvent vider un arbuste de ses fruits en moins de 24 heures! Il peut donc être nécessaire d'installer par-dessus l'arbuste un cadre de bois ou de PVC et de le recouvrir d'un filet pour empêcher leur venue.

Attention : en zone 7-8, on est déjà à l'extrême sud des capacités d'adaptation de la plante, qui a quand même besoin d'hivers froids pour bien se développer. Donc dans le beau grand sud français, je ne suis pas certain que même les cultivars "avancés" actuels puissent prospérer. En tous cas se focaliser sur les plants de génétique "sudiste" comme les Yezberry, ou à la rigueur les "Boreal...". Et oublier les sélections russes!

 

Camérisier du Kamtchatka à la mi-mai à Palsi talu

Camérisier du Kamtchatka à la mi-mai à Palsi talu

APPORTS NUTRITIONNELS :

Le Haskap est un "super-food"

Ce fruit est plein de bonnes choses : vitamines, sels minéraux, antioxydants... Il parait qu'en japonais, son nom signifie baie de la longévité. Certains pays (Canada notamment) utilisent ce nom pour le commercialiser, afin de pouvoir les vendre mieux sur la marché Japonais où ce petit fruit est très recherché.

La baie est très riche en VITAMINES. Elle renferme de nombreux SELS MINÉRAUX ET OLIGO-ÉLÉMENTS.

Pour 100g :

Potassium en mg = 190

Calcium en mg = 38

Phosphore en mg = 25

Fer en mg = 0.6

Vitamine A en µg = 130 (plus du double des oranges = 60 !)

Vitamine B1 en mg = 2.6 à 3.8

Vitamine B2 en mg = 2.6 à 3.8

Vitamine B9 en mg = 7 à 10

Vitamine C en mg = 40 à 70  (supérieur à l’orange = 35)

Vitamine E en mg = 1.1 (plus du double des oranges = 0.4 !)

Fibres 2,5g

Énergie en kcal = 53

 

SUGGESTIONS EN CUISINE :

Elle se déguste crue dès la récolte et même pendant la récolte.

Elle se marie bien avec la crème fraîche, la Chantilly, le fromage blanc et autres produits laitiers.

La baie de mai donne d'excellentes confitures ou gelées.

Le jus de baie de mai est très tonifiant.

Elle peut remplacer la myrtille dans les pâtisseries.

 

AUTRES UTILISATIONS :

Les vertus médicinales sont à l'étude mais aucune propriété n'est avérée à l'heure actuelle. Dans la médecine populaire, les baies sont employées pour les troubles vasculaires et l'hypertension, ainsi que pour les troubles gastriques.

 

Un dessert que vous pouvez déguster à Palsi talu
Un dessert que vous pouvez déguster à Palsi talu

Un dessert que vous pouvez déguster à Palsi talu

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Rédigé par Marika and Joel Kuhlmann

Publié dans #Baies et petits fruits

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