Cirse maraîcher - Seaohakas - Cirsium oleraceum (L.) Scop., 1769

Publié le 30 Juillet 2023

Cirse maraîcher - Seaohakas à Palsi talu
Cirse maraîcher - Seaohakas à Palsi talu

Cirse maraîcher - Seaohakas à Palsi talu

Les noms en français: Cirse potager, Cirse maraîcher, Cirse des maraîchers, Chardon des potagers, faux épinard.

La traduction du nom estonien "Seaohakas" est : Chardon de porc (chardon pour les cochons 🐖)

En anglais: Cabbage thistle, or Siberian thistle

Histoire

Dans Les Plantes potagères : description et culture des principaux légumes des climats tempérés, 1891, Vilmorin et Andrieux on peut lire:

« Il ne semble pas que Cirsium oleraceum ait jamais été cultivé nulle part. Nous nous sommes contentés de le récolter simplement dans les prés, où il pousse spontanément.

Ils ajoutent que "la souche renflée de la plante était autrefois utilisée comme légume, avant qu'elle ne fleurisse". Mais la place du Cirse des maraîchers dans le potager a peut-être été oubliée à ce moment-là.

Le botaniste autrichien Giovanni Antonio Scopoli a donné au Cirse des maraîchers l'épithète « oleraceum » en 1769. Oleraceum, de holus (« végétal ») + aceus, peut être compris de différentes manières : utilisé comme légume/herbe, du potager , digne du jardin, etc. Une indication qu'il a peut-être été cultivé à cette époque.

Des preuves plus solides proviennent d'un article de 1854 de Joseph Decaisne, un éminent botaniste français. L'article porte sur les mérites de l'igname chinoise pour la culture en Europe, mais, en plaidant sa cause pour l'igname, Decaisne écrit,

« A cela s'ajoute que presque toutes les anciennes plantes vivaces du potager ont été abandonnées au profit des annuelles, partout où celles-ci pouvaient se trouver avec des propriétés semblables ; ainsi Lathyrus tuberosus, Sedum telephium et Cirsium oleraceum ont cédés devant les pommes de terre, les épinards, etc.

La première référence à la culture du Cirse des maraîchers est probablement celle de Matthias d'Obell qui a une description et une illustration de Carduus pratensis tragi acanthifacie (Cirsium oleraceum) dans son livre Plantarum, seu, Stirpium historia 1576.

Il ajoute la note « Morganus noster Londini alebat in horto » faisant référence à Hugh Morgan, apothicaire d'Elizabeth 1, le cultivant dans son jardin londonien. Mais Hugh Morgan cultivait probablement la plante à des fins médicinales ou dans le cadre d'une collection botanique plutôt que pour l'alimentation.

https://backyardlarder.co.uk/cabbage-thistle/

 

Les Cirsium s'hybrident facilement.
Ils diffèrent du genre Carduus par les soies de leurs aigrettes qui sont plumeuses (ce dont Linné n'avait pas tenu compte en les classant parmi les chardons).

Ce grand cirse à fleurs jaunâtres se rencontre plutôt dans les marécages, les bois clairs et humides, les prairies humides et les fossés. Sa tige porte des feuilles jusqu’à son sommet sous les capitules. Ces derniers sont agglomérés et entourés de feuilles. Les feuilles inférieures sont d’un vert jaunâtre et sont très profondément divisées. C'est une vivace, qui fleurit de juin à septembre.

En France, il est présent dans le quart nord-est. Ici, à Palsi, comme dans les alentours de la ferme (Miikse,...), il est apparu depuis environ 3 ans,... et il envahie toutes nos zones avec de l'humidité. 😓

 

Caractéristiques

Port, aspect, longévité

  • 50 – 150 cm de hauteur; tige dressée, souvent ramifiée et portant de feuilles.
  • Toute la plante est jaune-vert, le plus souvent non poilue.
  • Les feuilles inférieures sont pétiolées, lancéolées, entière ou profondément découpées. En coupe, le pétiole est triangulaire avec un sillon profond. Les feuilles supérieures sont sessiles et forment un cœur autour de la tige qu’elles entourent.
  • Toutes les feuilles sont souples et portent sur leur bord des poils fins qui sont à peine piquants.
  • Les tiges portent en été et en automne (à la 2e pousse, ≠ anthrisque) des capitules entourés de bractées jaune-vert. Les fleurs sont jaune clair.
  • Enracinement: rhizome épais disposé horizontalement dans le sol et portant beaucoup de racines qui descendent profondément dans le sol.
  • Plante pérenne.
  • C'est une plante sauvage résistante rarement troublée par les ravageurs et les maladies.

 

Exigences écologiques, distribution

  • Répandu de la plaine jusqu’à l’étage montagnard dans les milieux humides à très humides, riches en éléments nutritifs.
  • Fait partie de la flore des prairies à fromental et des prairies à avoine jaunâtre peu intensives et humides, ainsi que des prairies à populage des marais. Peut couvrir presque entièrement ces surfaces.
  • Souvent au bord des ruisseaux et dans les fossés.

Réaction aux pratiques agricoles
Il est en principe inutile et presque impossible de lutter contre le cirse maraîcher dans les endroits où il s’est propagé. 😥
Dans des cas particuliers, un drainage de la surface devrait être effectué.

Valeur fourragère

  • Plante de valeur moyenne à bonne lorsqu’elle est présente en petite quantité.
  • Les feuilles sont volontiers consommées, les tiges sont difficiles à sécher.
  • Les feuilles s’émiettent lors du séchage.
  • Dans les zones avec beaucoup de cirse maraîcher, les bonnes plantes fourragères n’arrivent pas à de développer. La couverture végétale est très lacuneuse après une coupe.

 

Valeur écologique

Plante fournissant des quantités importantes de nectar et de pollen aux abeilles, bourdons, syrphes et papillons. Les larves de coléoptères se nourrissent des graines.

Valeur faunique

Une bonne plante faunique, attirant un large éventail de papillons, abeilles, coléoptères, mouches et papillons de nuit et une plante alimentaire pour les larves de nombreux insectes (The Database of Insects and their Food Plants). Les oiseaux se nourrissent des graines.

Fleurs de Cirse maraîcher fournissant des quantités importantes de nectar et de pollen aux abeilles, bourdons, syrphes et papillons.
Fleurs de Cirse maraîcher fournissant des quantités importantes de nectar et de pollen aux abeilles, bourdons, syrphes et papillons.
Fleurs de Cirse maraîcher fournissant des quantités importantes de nectar et de pollen aux abeilles, bourdons, syrphes et papillons.

Fleurs de Cirse maraîcher fournissant des quantités importantes de nectar et de pollen aux abeilles, bourdons, syrphes et papillons.

Usages en cuisine et particularités :

Le cirse maraîcher est une plante entièrement comestible.

C'est un bon légume sauvage, au goût d'artichaut ou de cardon.
Il peut se manger cru (jeunes pousses) en salade, et cuit comme un légume vert.
Même les grandes feuilles sont utilisables: il faut alors les cuisiner comme des cardons.
La racine est également comestible en légume lorsque la fleur n'est pas encore montée, et a un goût agréable. Les racines sont probablement riches en inuline (Un amidon qui dans tous les cas ne peut être digéré directement par les humains, qui fermente parfois genre flatulence) et indigeste à des niveaux similaires à ceux des topinambours. Ces plantes sont cultivées et vendues comme des légumes en Inde et Japon.

Et les fleurs peuvent se manger, elles ont un goût d'artichaut, et se cuisinent comme eux.

Les chardons sont généralement connus pour être riches en minéraux. Bien qu'aucun profil nutritionnel n'ait été publié pour Cirsium oleraceum, celui pour Scolymus hispanicus, le Chardon d’Espagne ou Scolyme d’Espagne (Facts about Golden Thistle) donne une idée de ses niveaux de nutriments probables.

Feuilles de cirse maraîcher
Feuilles de cirse maraîcher
Feuilles de cirse maraîcher

Feuilles de cirse maraîcher

Recettes

Poêlée de cardons de cirse maraicher
Dix grandes feuilles de cirse, enlever le vert, comme pour des cotes de blettes, ne garder que les pétioles (=tiges).
Les laver, les couper en tronçons de 1,5/2 cm, les mettre dans un saladier avec de l'eau citronnée, puis les cuire (blanchir) dans de l'eau salée pendant une vingtaine de minutes; le légume reste croquant mais devient tendre. En passant, l'eau salée fixe la chlorophylle des plantes et les rends bien vertes, et il ne faut pas oublier de rafraîchir à l'eau très froide en fin de cuisson !
Pendant ce temps, émincer un gros oignon, 2 gousses d'ail, du serpolet ou du thym, les faire revenir dans une poêle, avec de l'huile d'olive. Rajouter les légumes égouttés, et poêler le tout env. 5 minutes. Assaisonner avec sel, poivre, quelques gouttes de tamari (sauce soja japonaise, pas chinoise), et rajouter quelques pignons ou graines de tournesol grillées.

La saveur est douce, il faut quand même correctement assaisonner. On peut également les préparer au gratin avec béchamel (comme les cardes ou les blettes) ou en potée avec des saucisses, des carottes, des pommes de terre.

Gratin de cirse maraîcher à la Béchamel

Ingrédients (pour 4) :

  • 600g de cotes (celles des grandes feuilles) et de tige (éviter la base trop fibreuse) de cirse maraîcher
  • 25cl de lait
  • 30g de beurre
  • 30g de farine
  • 50g de fromage râpé (emmental ou cantal jeune)
  • Sel, poivre

 

Préparation :

  • Prélever les cotes et les jeunes tiges (fleurs non écloses)
  • Les effiler au besoin
  • Amener de l'eau salée et légèrement citronnée (pour que la cirse ne noircisse pas) à ébullition et y placer la cirse découpée en petits tronçons de quelques centimètres
  • Cuire (pendant une heure si ce sont les cotes de grosses feuilles, sinon environ 30mn)
  • Une fois cuite, plonger la cirse dans de l'eau froide pour stopper la cuisson puis l'égoutter
  • Préchauffer le four à 220°C
  • Préparer ensuite une sauce Béchamel (légèrement enrichie):
  • Faire fondre le beurre dans une casserole
  • Ajouter la farine et la cuire une minute tout en mélangeant au fouet
  • Verser le lait préalablement chauffé sans arrêter de mélanger pour éviter la formation de grumeaux
  • Incorporer le fromage râpé en continuant de fouetter
  • Retirer du feu et continuer de battre jusqu’à ce que la sauce soit bien homogène
  • Rectifier l’assaisonnement
  • Dans un plat à gratin beurré, verser les morceaux de cirse puis les recouvrir de la sauce
  • Enfourner pour 20 minutes au moins

 

Petits pain farcis au cirse maraîcher

Ingrédients :

  • 300g de farine
  • Environ 20cl d'eau tiède
  • 1 sachet de levure déshydratée
  • 300g de feuilles de cirse de Montpellier
  • 150g d'emmental râpé
  • 2 gousses d'ail
  • 1 gros oignon doux
  • 5cl d'huile d'olive
  • Sel et poivre

 

Préparation :

  • Dissoudre la levure dans l'eau tiède (attention, elle ne doit pas être trop chaude, au risque de tuer les levures)
  • Verser une cuillère à café rase de sel dans la farine et mélanger de sorte que le sel soit bien réparti
  • Verser ensuite les 2/3 du liquide dans la farine et mélanger
  • Tout en pétrissant, compléter en rajoutant encore un peu de liquide (selon la farine, une partie du liquide peut être inutile) pour obtenir une pâte souple qui ne colle plus aux doigts
  • Former une boule, l'enduire d'un peu d'huile sur toute sa surface et laisser la pâte reposer à température ambiante (voire un peu plus chaud)
  • Une heure plus tard, le volume du pâton doit avoir au moins triplé
  • Le pétrir à nouveau pour lui faire perdre la moitié de son volume, reformer une boule, l'enduire légèrement d'huile et laisser à nouveau la pâte reposer pendant au moins une heure
  • En attendant, bien laver le cirse et le plonger 5 petites minutes dans de l'eau salée frémissante
  • Bien l'égoutter (en le pressant modérément pour évacuer l'eau) et le hacher finement
  • Verser 5cl d'huile d'olive au fond d'une poêle bien chaude
  • Y faire revenir l'oignon émincé
  • Ajouter le cirse haché et cuire encore quelques minutes en évitant toute coloration
  • Réserver et laisser tiédir
  • 45 minutes avant la dégustation, préchauffer le four à 180°C
  • Incorporer ensuite au mélange cirse-oignon : l'ail haché finement, le fromage râpé ainsi qu'un peu de de sel et de poivre moulu
  • Diviser cette farce ainsi que la boule de pâte en 6 portions égales
  • Pour chaque petit pain, prendre un pâton et l’aplatir dans la main pour obtenir un disque d'une douzaine de centimètres de diamètre (attention de conserver de l'épaisseur au centre)
  • Y placer une portion de farce (en boule bien serrée pour en évacuer l'air) au centre
  • Refermer les bords en les soudant de manière hermétique tout en évitant de trop capturer d'air dans le pain
  • Bien aplatir chaque pain pour qu'il ne dépasse pas 3cm d'épaisseur
  • Les placer soudure en bas sur une feuille de papier cuisson et enfourner pour 30 minutes environ

Au printemps, vous pouvez préparer le même type de recette avec tussilage et ail des ours. Voir la recette en cliquant ce lien: Petits pain farcis à l'ail des ours et au tussilage

 

Rédigé par Marika and Joel Kuhlmann

Publié dans #Animaux et nature, #Recettes de cuisine, #Fleurs médicinales et-ou comestibles, #Nutrition

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